Dictionnaire des Réformes Économiques et Sociales pour le Développement des Pays les moins Avancés
RESUME | |
Titre | Dictionnaire des Réformes Économiques et Sociales pour le Développement des Pays les Moins Avancés/PMA |
Auteurs | Sous la direction de RABETSIMAMANGA Marius |
Éditeur | Observatoire ORES-PMA |
Édition | 2005 |
ISBN | 2.9523015-0-6 |
Résumé | A travers des articles et les définitions des mots clés, les acteurs du développement se familiariseront progressivement au langage utilisé dans la conception et la mise en œuvre des réformes ainsi que les moyens proposés par la communauté internationale pour amorcer un véritable processus de développement durable dans les PMA. Les acteurs, quel que soit leur niveau d'intervention, pour agir, ont besoin de savoir ce qu'est une Aide publique au développement (APD), un Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (DSRPC), initiative PPTE, le développement humain, les avantages comparatifs, les biens publics mondiaux, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l'Éducation pour tous (EPT), le protocole de Kyoto, la bonne gouvernance, la flexibilité, la diversité culturelle... |
COMITE DE REALISATION | |
Le Comité de rédaction et le Comité de vulgarisationSous la direction de Marius RABETSIMAMANGA MembresJean DANVER
Hilaire BEWA
Yera DEMBELÉ
Eugène Marcel GUITON
Maxime Jean Claude HOUNYOVI
Philippe HUGON (P.H.)
Raymonde LEFOUR
Max PEYRARD
Alain RABETSIMAMANGA
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REMERCIEMENT | |
La réalisation de ce Dictionnaire des Réformes Économiques et Sociales dans les Pays les Moins Avancés est un travail d'équipe qui a nécessité la mobilisation de nombreux spécialistes ainsi que celle de nombreux organismes. Au-delà de l'élaboration d'un dictionnaire spécialisé qui touche directement les acteurs des réformes, le projet a un impact plus large conduisant à l'émergence d'une approche plus globale, avec des objectifs plus ambitieux et à plus long terme, englobant la lutte contre la pauvreté et le soutien aux objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en les mettant au centre des préoccupations des lecteurs. Fidèle à notre organisation de base, notre démarche visait à mettre en synergie les différentes compétences déployées dans des structures averties, accomplissant des actions transversales en faveur des PMA. Chacun, dans sa structure et à la pointe de sa compétence, a apporté sa contribution pour une action qui, sans cela, n'aurait pu se réaliser. L'équipe qui a rédigé, édité et diffusé ce Dictionnaire témoigne ici toute sa reconnaissance à tous ceux qui, de loin ou de près, ont "joué le jeu" dans cette forme d'organisation en réseau, caractéristique de notre approche, dominée par l'utilisation des nouvelles technologies de la communication et de l'information. Avec les différents correspondants éparpillés dans le monde, nous avons travaillé en temps réel et échangé sur l'avancement des travaux (vidéo-conférence, chat, forum, etc.). Cela a créé, au départ, certaines difficultés, mais nous nous réjouissons de voir que les acteurs concernés ont très vite adopté la NTCI. Cela nous donne la conviction qu'avec un minimum d'aide, notamment sur l'équipement et l'accès aux réseaux, les auteurs des PMA peuvent pleinement participer aux délibérations et opportunités offertes par l'espace mondial. Nos remerciements s'adressent tout particulièrement aux personnalités qui, par leur engagement personnel et leur soutien inconditionnel en faveur des PMA, en tant qu'acteurs et observateurs privilégiés des relations internationales, ont donné à cette action son ampleur mondiale et sa place dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Nous pensons notamment à :
Nous pensons aussi à diverses autres personnalités qui, tout au long du processus de réalisation, ont été des interlocuteurs attentifs et n'ont pas manqué d'apporter leurs conseils pour donner à cet ouvrage la dimension qu'il mérite. Il s'agit de :
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Avant-propos | |
Mr Eugène Marcel Guiton Président de l'Observatoire-ORES.PMA |
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La Communauté internationale a fait de la réduction de la pauvreté son objectif central dans son action pour la coopération internationale. C'est un défi formidable et exaltant pour ce début du 3ème millénaire. Nous sommes tous, dans ce monde "mondialisé", responsables de notre planète. Et comme les problèmes sont assez nombreux, nous avons tous un rôle à jouer dans la recherche de solutions avec la conviction que le développement doit s'effectuer à partir de la base et non du sommet. Toutes les énergies de ceux qui sont appelés à participer au processus de développement sont nécessaires. Pour réaliser cela, de nombreuses organisations internationales telles que la Commission de l'Union Européenne, la Banque Mondiale, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), le FMI, le Groupe de la Banque Africaine de Développement, l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), le PNUD et le PAM se sont engagées aux côtés des PMA (Pays les Moins Avancés) pour organiser ces réformes économiques et financières, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ces engagements sont reconfirmés dans les programmes d'actions au niveau régional, dans le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NOPADA). Ces réformes visent à faciliter l'intégration de ces pays dans le processus de mondialisation en cours et à éradiquer la pauvreté et ses manifestations indignes de notre siècle (faim, malnutrition, maladie, difficulté d'accès aux produits et services nécessaires à la vie). De nombreuses organisations non gouvernementales sont, elles aussi, activement mobilisées, chacune à sa manière et selon ses directions, pour chercher à améliorer cette situation dans les PMA. Les acteurs de cette entreprise laissent entrevoir pour certains pays concernés des perspectives encourageantes. C'est dans le cadre de cette mobilisation de la communauté internationale que, sous l'égide du Centre International de Liaison des Ingénieurs, Techniciens, Industriels, Économistes, Experts, Éducateurs et Chercheurs (Centr'INTECH), nous sommes heureux de vous présenter le Dictionnaire des Réformes Économiques et Sociales pour le Développement des PMA. Le dictionnaire s'adresse aux acteurs du développement des PMA qui agissent pour la réflexion et la mise en œuvre de ces réformes. Ce sont les décideurs politiques, les agents de l'administration, les universitaires et les étudiants, les militants associatifs et les responsables des organismes de la société civile, ainsi que les promoteurs économiques. Le dictionnaire s'adresse également au public européen, de plus en plus sensibilisé aux problèmes des PMA et de la pauvreté dans le monde, ainsi qu'aux acteurs économiques et politiques des pays du Nord, dont la contribution pour ces réformes est requise dans le cadre d'un partenariat équitable. Le dictionnaire se veut être un "système d'aide à la réflexion" qui encouragera ces acteurs à devenir des agents de changement afin de maîtriser leur destin et leur histoire, et non de les subir. Notre action est certes "une goutte d'eau dans l'océan", mais ce sera pour nous "le grain de sable" qui participera à l'édification d'un monde meilleur, plus juste et plus équitable. Cet ouvrage est une réalisation technique majeure, mêlant réflexion générale et analyse sur la qualité des ressources humaines et sociales. |
PREFACE
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Mr Poul NIELSON Commissaire européen chargé des Actions humanitaires et du développement, commission européenne |
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En 2001, en accueillant sa conférence à Bruxelles, la Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés, l'Union Européenne avait lancé un message fort, celui de sa volonté d'aider ces pays, où se cristallisent les effets de la pauvreté la plus abjecte. L'objectif était de les sortir de cette situation intolérable en ce début du 21ème siècle. L'année suivante, en souscrivant à Monterrey aux objectifs de Développement du Millénaire et en se donnant les moyens financiers de les atteindre, en s’engageant à faire passer de 0,33 % à 0,39 % de son revenu national brut, à l'horizon 2006, son aide publique au développement, c’étaient les PMA que l'UE avait à l’esprit d’aider en premier lieu. C'est aussi d'abord à eux qu'elle pensait lorsque, à Johannesburg, elle a lancé ses initiatives en matière d'eau et d'énergie, qu’elle cherche maintenant à mettre en œuvre, notamment pour réduire de moitié d'ici l'an 2015 le nombre de personnes sans accès à l’eau potable et à des installations sanitaires. Mais la seule augmentation des flux d'aide, conjuguée à l'amélioration de leur efficacité, ne saurait suffire pour atteindre ces différents objectifs de développement. Les PMA eux-mêmes ont un rôle crucial dans la réussite des programmes de développement. Il leur appartient, en effet, de s'approprier leurs stratégies de développement et de mettre en œuvre des politiques qu'ils auront librement déterminées, en particulier en matière de promotion du secteur privé, qui seul est en mesure d'accélérer la croissance économique, sans laquelle il ne peut y avoir de recul de la pauvreté. Ce dictionnaire des réformes économiques et sociales, en s'attachant à expliquer certains concepts-clés, en résumant et en synthétisant les thèmes qui sont au cœur de la coopération au développement, sera un outil précieux pour tous ceux qui sont appelés à contribuer au succès des réformes dans les Pays les Moins Avancés. |
Avant-propos | |
Mr Jean-Philippe Courtois Président Directeur général Microsoft-EMEA |
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L'Afrique demeure une priorité majeure pour la communauté engagée dans le développement. En effet, ce continent continue de faire face à des défis dans de nombreux secteurs. L'une des principales difficultés auxquelles l'Afrique est confrontée au XXIe siècle concerne la création d'un environnement dynamique pour les entreprises. C'est un objectif clair du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD). Un nombre croissant de gouvernements africains reconnaissent qu'un secteur privé fort est essentiel pour stimuler la croissance économique et commencent à libéraliser leurs économies respectives. Ces entreprises, qui pourraient donner l'impulsion nécessaire à l'exploitation du gigantesque potentiel économique de l'Afrique, se heurtent néanmoins à d'innombrables obstacles, parmi lesquels figurent : le faible niveau de développement et le manque d'investissements dans l'éducation ; la faiblesse du secteur privé, accentuée par une forte présence de l'État dans l'économie ; la dépendance importante vis-à-vis des donateurs, notamment pour l'aide et les mécanismes financiers ; les coûts élevés supportés par les entreprises en raison du manque de services, d'infrastructures et de ressources ; l'insuffisance et/ou l'inadaptation des infrastructures de transport et de télécommunications ; le coût élevé des financements dû aux risques importants et à une faiblesse des structures économiques ; le risque politique et fiscal ; l'importance des fluctuations monétaires ; la faible sensibilisation à la gouvernance d'entreprise ; l'insuffisance des technologies de l'information et des télécommunications ainsi que des infrastructures de santé ; le sous-développement des marchés financiers ; le manque d'expérience du personnel, et dans certains cas, du management ; la faiblesse de l'investissement privé à l'échelle nationale ; la concentration des investissements étrangers dans un nombre limité de pays et de secteurs. En conséquence, de nombreux pays africains ont encouragé et favorisé les investissements privés étrangers, estimant qu'ils constituent un moyen d'obtenir des financements, des compétences en gestion, des technologies et un accès aux marchés étrangers. On considère généralement que les capitaux étrangers peuvent jouer un rôle significatif dans l'investissement et la croissance, notamment dans les pays disposant de réserves financières nationales limitées. Le programme d'Investissements Étrangers Directs (IED) contribue au développement économique de plusieurs façons : compétences technologiques et managériales ; échanges avec l'étranger et capitaux d'investissement à long terme ; établissement de liens avec les marchés mondiaux ; création d'emplois, etc. La promotion d'une convergence entre les IED et le développement durable des entreprises doit devenir l'une des priorités stratégiques des pays les moins développés. Cependant, le rôle des investisseurs étrangers et du monde des affaires ne saurait se limiter à la simple création d'activités dans les pays où ils s'implantent. Le développement de l'activité économique suscite des attentes croissantes quant au rôle social des entreprises. De plus, les entreprises valorisent la confiance de leurs partenaires et cherchent à établir une collaboration plus étroite avec eux. À ces pressions extérieures s'ajoutent des attentes internes (au niveau national) en faveur de l'introduction de programmes sociaux. Ces attentes sont liées à une réévaluation des éléments constitutifs de l'avantage concurrentiel (facteur "Avantage concurrentiel") ainsi qu'aux attitudes et valeurs des employés et des dirigeants (facteur "Valeurs/Leadership C'est la collectivité qui crée l'environnement de l'entreprise. La manière dont une entreprise interagit avec la collectivité dans laquelle elle est implantée constitue un élément clé de sa performance ainsi que du développement de cette collectivité. Les entreprises conscientes de ce lien accordent une grande importance aux questions communautaires. Cela ressort de la définition donnée par le Conseil Mondial des Entreprises pour le Développement Durable (WBCSD) : "Les questions communautaires englobent un large éventail d'actions incluant les programmes d'assistance, le soutien aux besoins en matière d'éducation, la promotion d'une vision commune du rôle de l'entreprise au sein de la collectivité, la préservation de la santé et de la sécurité, le parrainage, le soutien au bénévolat des employés et les contributions philanthropiques." La fonction organisationnelle des relations entreprise-collectivité est définie par le Center for Corporate Community Relations du Boston College comme "l'état des relations entre l'entreprise et la collectivité (locale, nationale ou internationale) dans laquelle elle est implantée ou sur laquelle elle exerce une influence. Cette fonction regroupe des programmes dans l'intérêt à la fois de l'entreprise et de la collectivité, tels que les dons, le bénévolat des salariés, les programmes communautaires, les relations avec les organisations laïques et professionnelles, ainsi que les actions liées à la citoyenneté d'entreprise. L'engagement de l'entreprise envers la collectivité, souvent désigné sous le terme de "citoyenneté d'entreprise", fait partie intégrante des initiatives sociales de l'entreprise, constituant peut-être l'un des volets les plus essentiels. Renforcer les capacités pour réduire de l'intérieur la fracture numérique en Afrique. Les pays africains font face à de nombreux défis et obstacles dans leur préparation à l'intégration dans l'économie mondiale ainsi que dans leurs efforts pour un développement économique durable et une réduction de leur dépendance vis-à-vis des pays développés. La maîtrise de l'informatique et l'utilisation efficace des technologies de l'information et de la communication (TIC) en tant qu'outils de développement socio-économique sont des éléments clés de ces processus. Pour les dirigeants africains, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) constitue un cadre de mise en œuvre des réformes nécessaires. Dans le cadre du NEPAD, la Commission e-Afrique a été chargée de traiter les questions liées aux TIC. Le Partenariat pour une Société de l'Information et le Développement en Afrique (ISPAD) permettra au secteur privé et à d'autres acteurs de participer à ce processus. Des discussions approfondies ont eu lieu entre les membres du Forum économique mondial, le secrétariat du NEPAD et la Commission e-Afrique pour définir les moyens de renforcer et de compléter les initiatives du NEPAD, tout en aidant à résoudre les questions politiques liées aux technologies dans le cadre des actions de développement. Des entreprises membres du Forum économique mondial (comme Accenture, Hewlett Packard et Microsoft) ont contribué à la création d'un groupement de partenaires pour fournir les fonds d'amorçage nécessaires à un programme qui permettra aux pays africains de développer des politiques de sensibilisation à l'informatique et de surmonter, voire d'éliminer, les obstacles politiques freinant l'adoption des TIC dans la région. L'exemple du programme Unlimited Potential (UP) de Microsoft Community AffairsLe programme Microsoft Unlimited Potential (UP) est une initiative internationale visant à promouvoir l'apprentissage tout au long de la vie pour les jeunes et les adultes défavorisés en leur offrant des compétences technologiques via des centres de formation et de technologies (CTLC) installés localement. Microsoft estime que fournir aux personnes défavorisées une formation aux compétences techniques peut créer des opportunités socio-économiques capables de transformer à la fois leurs vies et les communautés dans lesquelles elles vivent. Microsoft ne limite pas son engagement envers les communautés au niveau mondial à des contributions technologiques ou financières, mais inclut également le bénévolat de ses employés, qui est au cœur de ses actions philanthropiques. Les employés consacrent leur temps, partagent leurs connaissances et compétences en s'investissant personnellement auprès d'étudiants et d'enseignants dans le cadre de programmes pour les jeunes, dans des bibliothèques publiques, des associations à but non lucratif et même des institutions artistiques. Une part significative des actions de Microsoft en faveur des communautés est liée à l'assistance humanitaire fournie aux sinistrés par l'intermédiaire de l'UNHCR. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, Ruud Lubbers, a d'ailleurs souligné que "des individus et des entreprises comme Microsoft mettent leurs ressources et leurs compétences au service des réfugiés pour leur apporter l'aide indispensable dont ils ont besoin pour se reconstruire." Un autre exemple de cet engagement est le partenariat de Microsoft avec l'UNWRA pour développer des systèmes permettant de centraliser les besoins des réfugiés et d'acheminer les ressources destinées à leur aide. |
CONTRIBUTION SPECIALE | |
Mr Abdou DIOUF Secrétaire Général de l'OIFOrganisation internationale de la Francophonie |
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Quoi que certains, qui préfèrent les facilités de la dénonciation à la rigueur de l’analyse, en disent, l’Afrique a fait et continue de faire des progrès notables dans tous les domaines : qu’il s’agisse des conflits qui la déchirent encore, de l’instauration et de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit, du développement durable et de la diversification économique, les succès l’emportent progressivement sur des échecs trop volontiers mis en exergue. Certes beaucoup ont espéré que les choses iraient plus vite : que, profitant des acquis des pays déjà développés et disposant d’aides multiples, les PMA, en particulier les PMA africains, pourraient brûler les étapes et offrir, à brève échéance, à leurs populations, les mêmes conditions de vie que celles régnant dans les pays disposant d’une accumulation pluriscéculaire de capitaux, d’infrastructures et de compétences. C’était oublier que chaque pays, chaque région doit construire et s’approprier son histoire, constituer son propre capital économique et humain et affronter ses propres démons : nous n’en sommes qu’au début de cette histoire. Fondée sur le partage d’une langue et de valeurs communes, défendant la diversité culturelle et le respect de l’Autre, hostile à toute hégémonie, à tout unilatéralisme, la Francophonie, qui compte, parmi ses 56 membres, 29 pays africains et 24 PMA, est un partenaire privilégié de ces pays dans cette appropriation de leur destin et la réalisation d’avancées indispensables. Parmi les initiatives qui, dans cet esprit, représentent un espoir majeur pour l’Afrique, le NOPADA-NEPAD pourrait être un point de rupture et un point de refondation : rupture en raison d’une approche novatrice; refondation en vue d’une renaissance africaine durable. Cette initiative se veut en effet un symbole du nouveau visage de l’Afrique, des espoirs qu’elle nourrit pour elle-même, des ambitions qu’elle cultive pour ses peuples. Fondé sur une vision stratégique pensée, conçue, développée et conduite par l’Afrique elle-même, ce programme, à partir d’une analyse sans complaisance de la situation du continent et des responsabilités que doivent assumer les dirigeants et leurs peuples, constitue l’engagement formel de tout mettre en œuvre pour relancer l’Afrique sur la voie de la croissance et du développement, et pour l’intégrer résolument dans l’économie mondiale. Première véritable initiative africaine destinée à lutter contre le risque de mise à l’écart du continent, le NEPAD doit devenir un projet incontournable, tant pour les pays eux-mêmes, appelés à faire des choix parfois difficiles, que pour les bailleurs de fonds, les organisations internationales impliquées en Afrique et la communauté internationale dans son ensemble. En effet, celle-ci se doit d’accompagner l’effort entrepris, notamment au niveau des problématiques sur lesquelles l’Afrique a le moins d’emprise, qu’il s’agisse du financement, de la dette, des règles du commerce, de l’accès aux marchés ainsi que du transfert de technologie et d’expérience. Dans cette perspective, la tenue des engagements pris pour la réalisation des objectifs adoptés lors du Sommet du Millénaire, de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg s’avère essentielle. En affirmant l’interdépendance entre paix, démocratie, bonne gestion publique et développement, et en reconnaissant dans la stabilité, la bonne gouvernance et le respect de l’Etat de droit des conditions incontournables du développement économique et social, le NEPAD témoigne de cette volonté que manifeste l’Afrique de devenir responsable de son histoire et maître de sa place dans le monde. L’Organisation internationale de la Francophonie a dès le départ salué l’initiative du NEPAD et décidé de lui apporter son plein appui, en appelant cependant à prendre en considération et à respecter un certain nombre de paramètres qui lui semblent indispensables pour assurer les conditions de plein succès au NEPAD :
Là encore l’exemple et l’éducation, selon une pédagogie multiforme s’adressant à toutes les catégories sociales, sont indispensables et tous les outils doivent être mobilisés. Je ne crois pas inutile de rappeler ici les propositions qui sont issues des convergences constatées entre les priorités retenues dans le NEPAD d’une part, et les champs d’actions prioritaires de la Francophonie d’autre part, en particulier ceux gérés par son opérateur principal, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie. Ces propositions s’inscrivent notamment dans les domaines suivants :
Le prochain Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays francophones, qui se tiendra à Ouagadougou, à l’automne 2004 a pour thème « un espace solidaire pour un développement durable ». La construction d’un tel espace est une ambition commune à l’ensemble des organisations internationales. Ce qui constitue la spécificité de la Francophonie, c’est de le faire non en passant directement par la mise en œuvre de ressources économiques et financières, mais en s’appuyant sur l’information, la formation et la concertation entre ses membres. Cela exige de plus en plus de personnes, de jeunes en particulier, formées et capables d’accéder à l’information. C’est pourquoi la Francophonie est heureuse de saluer tout ouvrage qui, comme le présent Dictionnaire, offre aux citoyens des PMA les instruments pour mieux comprendre le cadre dans lequel ils doivent agir et quels sont les leviers dont ils disposent pour s’assurer une meilleure maîtrise de leur destin. |
CONTRIBUTION SPECIALE | |
Mr Donal J.JOHNSTON Secrétaire Général de l'OCDE Organisation de Coopération et de Développement Économiques |
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Contribuer au développement mondial est un objectif essentiel de l'OCDE. La Convention de l'OCDE appelle en effet l'Organisation à promouvoir des politiques visant à contribuer à une saine expansion économique dans les pays membres ainsi que non membres en voie de développement économique. Étant donné l'interdépendance accrue du monde actuel, cet objectif est encore plus crucial aujourd'hui afin de faire reculer la pauvreté et d'assurer l'instauration d'un développement durable à l'échelle mondiale. Les principes et valeurs que promeut l'OCDE — démocratie, économie de marché, systèmes commerciaux et financiers ouverts, fondés sur des règles non discriminatoires, et bonne gouvernance — sont les fondements qui nous permettront d'atteindre notre objectif ultime : le bien-être économique et social de tous, dans le respect de la diversité et de l'identité culturelle. Les atouts de l'OCDE tiennent notamment à ses compétences pluridisciplinaires en matière d'analyse et de dialogue sur les politiques à suivre, de mise en commun des pratiques exemplaires et de surveillance de ses membres dans le cadre d'examens par les pairs, ainsi qu'au vaste dialogue sur les mesures à prendre et aux activités de renforcement des capacités qu'elle mène avec plus de soixante-dix économies non membres, organisations internationales et autres intervenants. Les éléments indispensables à la concrétisation des objectifs convenus par la communauté internationale dans la Déclaration du millénaire sont désormais en place, grâce à la conviction largement partagée qu'un développement effectif requiert une approche globale, fondée sur le partenariat et axée sur l'obtention de résultats. C'est aux pays en développement qu'il revient, au premier chef, de s'efforcer à leur développement économique et social, en adoptant des pratiques de bonne gouvernance et des politiques judicieuses de façon à mobiliser les ressources nationales et à attirer l'investissement privé. Par leur part, il appartient aux pays développés de porter une attention accrue aux répercussions que leurs propres politiques peuvent avoir sur les pays en développement et de soutenir les efforts déployés par ces derniers, en particulier les moins avancés, pour se doter des capacités nécessaires afin de tirer le meilleur parti de l'aide, des échanges et de l'investissement au service de la lutte contre la pauvreté et du développement durable. L'OCDE, quant à elle, exploitera ses atouts pour appuyer ce programme d'action commun au service du développement en s'appliquant à :
Les pays membres du CAC ont accru leur aide publique au développement en faveur des pays en développement de 4,9 % en termes réels, compte tenu de l'inflation, entre 2001 et 2002. Celle-ci s'est chiffrée à 57 milliards de dollars, soit 0,23 % de leurs ressources globales, telles qu'elles ressortent de leur revenu national brut (RNB), affichant ainsi un début de reprise par rapport au point bas sans précédent de 0,22 % du RNB auquel elle stagnait depuis trois ans. À la Conférence internationale sur le financement du développement, tenue à Monterrey en mars 2002, les pays donneurs se sont engagés à augmenter leur aide publique au développement (APD) en faveur des pays en développement. D'après les estimations de l'OCDE, si ces promesses se concrétisent, il devrait en résulter une progression de 31 % de l'APD en termes réels (soit environ 16 milliards de dollars) qui porterait le rapport APD/RNB à 0,26 % d'ici 2006 - niveau encore largement inférieur aux 0,33 % régulièrement enregistrés jusqu'en 1992. Au cours des dernières années, la corruption est devenue un thème important dans les débats politiques et économiques, et il est aujourd'hui évident que l'on doit impérativement prendre des mesures pour combattre ce phénomène. L'OCDE joue un rôle crucial en matière de prévention de la corruption internationale. La Convention de l'OCDE de lutte contre la corruption est entrée en vigueur le 15 février 1999. La Convention oblige les Parties à établir comme infraction pénale le fait d'offrir, de promettre ou de donner des pots-de-vin à un agent public étranger dans le but d'obtenir ou de conserver un marché dans le commerce international. L'OCDE œuvre aussi à la coopération entre gouvernements en ce qui concerne les flux d'IDE et autres mouvements de capitaux. Elle aide à améliorer la politique nationale de l'environnement en vue d'attirer l'investissement étranger et en tirer pleinement profit. Elle encourage également la contribution positive des entreprises multinationales au développement durable. L'Organisation réalise aussi des travaux liés aux discussions de l'après-Doha sur l'investissement au sein de l'OMC. Les études couvrant des domaines, tels que la relation entre les règles bilatérales, régionales et multilatérales en matière d'investissement, et les avantages de la transparence dans les politiques internationales de l'investissement, apportent une contribution importante aux travaux relatifs à l'investissement qui sont en cours à Genève. Le XXe siècle verra une part croissante de la production globale passer des économies vieillissantes de l'OCDE aux pays en voie de développement, plus jeunes sur le plan démographique. Les mouvements de capitaux qui en découleront bénéficieront aux deux régions, car la diminution de la population active et la charge des retraites se traduiront par une baisse des rendements de capitaux dans les pays de l'OCDE, au bénéfice des pays en développement. Ces projections ne pourront toutefois se matérialiser tant que les pays pauvres et émergents resteront vulnérables aux crises financières comparables à celles des années 90, d'une part, et tant que leur croissance ne se traduira pas en augmentation de la productivité des entreprises, d'autre part. Seule l'amélioration durable de la croissance de productivité des entreprises des pays en voie de développement permettra à tous les pays, riches et pauvres, de tirer profit de la mondialisation financière. Les pays en développement opèrent désormais dans un environnement financier mondial radicalement différent de celui qui prévalait il y a seulement quelques années. Les travaux de recherche doivent s'attacher à apporter des éléments d'analyse pour nourrir les débats politiques liés à ces évolutions. Du fait de l'intensité de la concurrence au niveau mondial pour attirer les capitaux, la communauté financière internationale doit inscrire au nombre de ses priorités : la limitation de la volatilité des mouvements de capitaux à court terme et de la propagation des crises financières ; l'intégration d'un plus grand nombre de pays en développement dans le portefeuille des investisseurs mondiaux ; l'amélioration durable de la productivité des entreprises dans les pays en développement. Les difficultés rencontrées, notamment ces derniers mois, par la communauté internationale, l'échec de la Conférence de l'OMC à Cancun en étant certainement la manifestation la plus nette, démontrent, si besoin en était, que la coopération internationale reste la seule voie possible de progrès. La tentation d'un repli sur soi-même doit être écartée et la prolifération d'accords bilatéraux doit être combattue. L'OCDE jouera, plus que jamais, son rôle de facilitateur pour rapprocher les points de vue et contribuer au développement d'un monde plus équitable. L'appropriation des concepts élaborés par la communauté internationale et celle des expériences acquises dans les pays membres de l'OCDE, sont une nécessité et une opportunité pour les pays les Moins Avancés (PMA) dans la mise en œuvre de leurs réformes. |
CONTRIBUTION SPECIALE | |
Mr Rubens Ricupero Secrétaire Général de CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement |
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Est-il nécessaire de rappeler que la dénomination « PMA » est un signal fort des Nations Unies sur la nécessité d’établir un partenariat spécial avec un groupe de pays reconnus comme étant structurellement défavorisés, pour la plupart piégés dans la pauvreté sans traitement particulièrement généreux ? Ce signal est réitéré tous les trois ans lors de la révision de la liste des PMA par le Conseil Économique et Social des Nations Unies. La révision repose sur des critères qui reflètent le retard socio-économique et les désavantages structurels des PMA, notamment leur grande vulnérabilité économique. L’année 2003, marquée par une révision de la liste, a vu l’arrivée d’un 50ème PMA, le Timor Oriental. Le besoin d’adaptation à l’évolution rapide de l’économie mondiale est vital pour tous les pays, y compris ceux qui, en raison de leurs faiblesses structurelles, peinent à tirer profit de la mondialisation. Il est essentiel d’éclairer les décideurs économiques sur les enjeux de cette évolution et les choix les plus appropriés. À cette fin, la publication d’un dictionnaire offrant un éclairage sur les multiples concepts et instruments relatifs au développement, ainsi que sur les mécanismes et institutions qui façonnent l’environnement international des pays concernés, est une initiative heureuse, et je félicite vivement les auteurs. Je me contenterai ici d’un triple encouragement aux acteurs du développement des PMA pour qu’ils tirent parti de l’appartenance de leur pays à cette catégorie dans leurs réformes :
Le bien-fondé de la catégorie PMA réside dans la justification d’un traitement spécial et dans l’esprit de partenariat avec la communauté internationale. Ce partenariat demande aux pays PMA d’assumer la responsabilité des améliorations structurelles (développement des ressources humaines, infrastructures) et des réformes économiques nécessaires. Il engage également les pays développés à des efforts exceptionnels pour les PMA. En définitive, le succès du traitement différencié de ces pays repose sur la communauté internationale dans son ensemble. Par son travail d’analyse des défis majeurs auxquels les PMA sont confrontés dans l’économie mondiale, la CNUCED s’efforce de maintenir ou de renforcer la crédibilité de la catégorie PMA pour que sa légitimité soit comprise de tous, tant par les acteurs des pays concernés que par leurs partenaires internationaux. Je suis conscient de l’importance des efforts pédagogiques dans les décisions économiques. Il est essentiel de contribuer, comme le fait admirablement le Dictionnaire des Réformes, à développer, chez les responsables des progrès de leurs pays, la compréhension des idées et des outils pour faire de la mondialisation une chance pour ces pays. C’est pourquoi je me réjouis de la parution de cet ouvrage, qui, j’en suis sûr, sera un outil précieux pour les décideurs auxquels il s’adresse. |
POURQUOI LE DICTIONNAIRE DES RÉFORMES? | |
Les Pays les Moins Avancés (PMA) entreprennent actuellement des réformes économiques ambitieuses visant à réduire la pauvreté et à favoriser leur intégration dans l’économie mondiale. L'objectif est de les rendre capables, à terme, de se passer de l’aide extérieure. La communauté internationale s’est engagée à accompagner ces PMA dans leurs efforts, en promouvant notamment le développement durable. Plusieurs résolutions fixant des objectifs en ce sens ont été adoptées. Parmi les principales références, citons les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), approuvés par les 191 États membres de l’ONU et réaffirmés par les dirigeants du G8, ainsi que la 3ème Conférence des Nations Unies sur les PMA (Bruxelles, mai 2001) et le Forum Mondial sur l’Éducation pour Tous (Dakar, 2000). Cadres du DictionnaireCes résolutions ont introduit de nouveaux termes techniques, qui demeurent souvent accessibles uniquement aux experts gouvernementaux. Pourtant, la participation de divers acteurs, en particulier celle de la société civile, est nécessaire pour élaborer et mettre en œuvre les projets soutenus par la communauté internationale.
Objectifs du Dictionnaire
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COMMENT EST STRUCTURÉ LE DICTIONNAIRE/DICORES ? | |
1. Des définitionsCritères de sélection des termes
Deux méthodes ont été utilisées pour choisir ces termes : Enquêtes Compilation des documents spécialisés Nous avons identifié, en collaboration avec la société civile des PMA, 12 thèmes qui représentent, selon leur appréciation, les questions les plus importantes sur les réformes. Ces thèmes sont expliqués par des mots clés (en caractères gras) et par des termes techniques. Lorsque ces mots clés et techniques sont cités plus d’une fois dans les autres définitions, ils sont mis en italique, ce qui les renvoie aux termes principaux. L'explication de chaque terme comprend trois éléments : une définition claire et nette, un ou des exemples et une limite de son application. 2. Des thèmesNous avons rassemblé ces définitions dans des thèmes qui correspondent aux différents domaines concernés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Chaque thème est encadré par un article de fonds. Notons que l'éducation, bien qu'elle soit une « condition indispensable sinon suffisante, du développement de l'individu et de la société » n’a pas fait l’objet d’un thème spécifique. Dans la présentation du sommaire des mots clés et techniques, nous expliquerons pourquoi le thème choisi est important pour les réformes. 3. Méthodologie pour suivre et évaluer les progrès économiques et sociaux réalisés dans les 50 pays PMA à partir de 50 indicateurs.4. Un lexique anglais-français se trouve à la fin de l’ouvrage.Il devrait faciliter la compréhension des textes en anglais qui représentent plus de 65 % de la littérature économique. Un comité de rédaction s’est réuni régulièrement et a eu pour rôle :
Avant sa publication, le DICORES a été testé auprès des utilisateurs potentiels afin d'évaluer son efficacité. Cela nous a permis d'apporter des améliorations et d’être ainsi au plus près des préoccupations des acteurs de développement des PMA. |
CONNAITRE LES PMA | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les pays les moins avancés (PMA) étaient, à l'origine de la catégorie, au nombre de 24. Ils sont actuellement 50, dont 34 en Afrique, avec une population totale de 700 millions d'habitants, soit plus de 10 % de la population mondiale. Plus de la moitié de cette population vit avec moins d'un dollar par jour. La liste des PMA est révisée tous les trois ans par le Conseil Économique et Social des Nations Unies, au vu des recommandations du Comité pour les Politiques de Développement (CPD). En instituant cette catégorie, l'ONU reconnaissait que ces pays étaient confrontés à des obstacles particulièrement sévères, notamment pour plus de la moitié d'entre eux, des obstacles liés à l'enclavement ou à l'insularité. L'Organisation reconnaissait aussi que les désavantages dont souffraient les PMA ne pourraient être surmontés que par la mise en œuvre de réformes structurelles, avec un appui exceptionnel de la communauté internationale. Les objectifs initiaux de ces réformes et les modalités d'un traitement spécial des PMA furent définis ou envisagés par la CNUCED, qui fut l'organisatrice de trois conférences des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés (Paris 1981, Paris 1990, Bruxelles 2001). Un pays ne peut être ajouté à la liste des PMA que s'il satisfait aux trois critères suivants (déterminés par le CPD), et si sa population ne dépasse pas 75 millions d'habitants :
Ces trois critères sont utilisés soit comme critères d'entrée, soit comme critères de sortie, selon les seuils auxquels on se réfère. Pour être théoriquement appelé à sortir de la catégorie PMA, un pays doit satisfaire au moins deux des trois critères de sortie. Parmi les autres caractéristiques des PMA constituant des obstacles endémiques au développement, on peut citer leur endettement insoutenable qui, sans un aménagement préférentiel, ne peut généralement pas être supporté par les exportations et la croissance. L'endettement est considéré comme supportable lorsque le ratio de la valeur actuelle nette de la dette par rapport aux exportations est inférieur à 150 %. Classement des PMACela nous permet de classer les PMA comme suit :
Note : Le tableau initial a été élaboré par la CNUCED sur la base des données de l’année 2000 pour la valeur actuelle nette de la dette, et de la période 1998-2000 pour les exportations annuelles moyennes. Nous avons actualisé les situations sur la base des données 2001 pour la valeur actuelle nette de la dette, et de la période 2000-2001 pour les exportations annuelles moyennes de biens et de services. L’évolution est exprimée comme suit :
Tous ces facteurs se traduisent par une grande difficulté, pour la plupart de ces pays, à jouir d’un développement durable, de nature à assurer pour tous une qualité de vie satisfaisante. La plupart des PMA se trouvent en fait pris dans l’engrenage de la pauvreté, qui freine les initiatives en faveur d’un développement soutenu. En effet, les difficultés génèrent d’autres difficultés. Certains pays ont connu des « situations d’urgence complexes » telles que la famine ou les mouvements massifs de réfugiés provoqués par des conflits internes. Ce cumul des problèmes affaiblit la capacité des pays à desserrer les contraintes qui pèsent. Sur leur contexte de développement. Affaiblis, les États ne sont pas en mesure d’assumer les rôles qui leur sont dévolus, notamment de garantir la sécurité des personnes et des biens, et de fournir à la population des biens et services de première nécessité comme dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Faciliter l’accès à l’eau potable et aux infrastructures de base et créer des conditions économiques et juridiques propices au développement sont des objectifs-clés de ces pays. Malgré ces difficultés, de nombreux PMA peuvent profiter des forces de la mondialisation, notamment grâce à leurs ressources naturelles (y compris certains minerais rares), ainsi qu’à leur richesse culturelle et à la beauté de leur environnement, atouts qui permettent le développement d’activités liées au tourisme international. 50 Pays les moins avancés - P.M.A
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LES PMA ONT BESOIN DE REFORMES | |
Le processus de mondialisation, en cours, conduit à une intégration des systèmes productifs, des marchés financiers, des flux commerciaux et informationnels. Il favorise, dans l'ensemble, la croissance des pays émergents. Or, les PMA demeurent largement à l'écart de cette nouvelle dynamique mondiale. Ils sont pris dans des trappes à pauvreté conduisant à une relative marginalisation et à une divergence vis-à-vis des pays émergents. On note toutefois des réformes en cours et des évolutions que traduit, par exemple, l'initiative « Le nouveau partenariat pour le développement en Afrique ». La question demeure de savoir dans quelle mesure les PMA sauront relever les nombreux défis (démographiques, environnementaux, technologiques). Comment pourront-ils s'intégrer positivement dans l'économie mondiale et conforter leur développement durable ? Quelles réformes sont nécessaires ? Nous différencierons la marginalisation économique passée et les trappes à pauvreté, les dynamiques et les réformes en cours. La marginalisation économique des PMA et les trappes à pauvretéTrois critères sont utilisés pour définir l’appartenance à la catégorie de PMA : un PNB par tête inférieur à 900 $, un indicateur composite social proche de l'IDH et un indicateur composite économique. En revanche, la vulnérabilité, le poids des chocs et la faible résilience ne sont pas retenus comme critères. L’appartenance à la catégorie de PMA permet d’accéder à des avantages en termes d’allègement de la dette ou en termes de commerce (cf. l’initiative de l’Union européenne en 2001 : « tout sauf les armes »). Durant les années quatre-vingt dix, l’ensemble des PMA a connu une croissance du revenu par tête de >0,9 % contre 3,6 % pour les pays en développement et -0,4 % pour les PMA d’Afrique. En 2003, sur 50 PMA, 34 appartenaient à l’Afrique sub-saharienne, soit 350 millions d’habitants sur 614 millions. 47 % de la population d’Afrique vit en deçà du seuil de pauvreté. On a observé depuis 1971 un doublement du nombre de pays les moins avancés. Ils sont passés de 25 à 49 en 2001, et de 49 à 50 en 2003. Vue à travers des lunettes grossissantes, l’Afrique sub-saharienne, qui regroupe environ 700 millions d’habitants pour 50 États, est économiquement le sous-continent le moins développé du monde. Elle représente, pour 10 % de la population mondiale, 1 % du PIB (370 milliards de dollars dont 150 pour la seule Afrique du Sud), 1,3 % des exportations et moins de 1 % de la valeur ajoutée industrielle mondiale. Une stagnation économique de longue périodeL’expansion du PIB réel est passée de 4,6 % par an durant les années 60 à 3,0 % durant les années 70, et à 2,1 % durant les années 80 et à 2,5 % durant les années 90. Les indicateurs du développement humain utilisés par le PNUD situent les PMA au niveau le plus pauvre du monde. L’indicateur de développement humain s’était fortement amélioré après les indépendances, mais l’on note un ralentissement de la progression depuis les années 80. Ainsi, l’espérance de vie en Afrique est passée d’une moyenne de 43 ans (1965) à 50 ans (1982) et à 49 ans (1998). Les inscriptions scolaires ont stagné ou diminué dans de nombreux pays au cours des 10 dernières années. Une marginalisation extérieureLes PMA se marginalisent tant au niveau des flux commerciaux, des flux technologiques que financiers et elle aboutit à une « déconnexion subie ». Quarante ans après les indépendances, la part des produits primaires dans les exportations est restée autour de 90 %. Le revenu moyen des PMA représentait, il y a trente ans, 14 % du revenu des pays développés, contre 7 % aujourd’hui. Dans un contexte d’endettement permanent, l’aide, au lieu de constituer une transfusion provisoire, est devenue une perfusion permanente permettant aux États d’assurer le minimum de fonctions régaliennes. Un système financier défaillantLes dysfonctionnements du système financier résultent, à la fois, de l’ampleur des déficits publics, du poids des créances douteuses, des difficultés liées à la crise productive et d’une inadaptation des institutions financières. Les crédits privilégient les opérations de court terme (3/4) : crédit de campagne, crédit immobilier, activités import-export aux dépens des investissements productifs. L’informel financier (ex. : les tontines) joue, certes, un rôle de relais, mais sans prendre en charge les investissements. Les finances publiques sont caractérisées par de faibles recettes fiscales et par un déficit de l’État et des entreprises publiques et parapubliques. Celui-ci a tendance à se réduire du fait des politiques de stabilisation et d’ajustement structurel. On constate toutefois, le plus souvent, un équilibrage par le bas, conduisant à une chute des recettes et des dépenses publiques. Le retrait de l'ÉtatL’État, dans de nombreux PMA, ne peut assurer ses fonctions régaliennes minimales de sécurité et de contrôle territorial. Il est débordé, d’en haut, par un transfert de pouvoir régalien aux Institutions internationales et, d’en bas, par « l’informalisation » de la société. L’Etat providence a souvent fait faillite et les principaux services sociaux ne sont pas assurés. On note un développement de l’incivisme fiscal et d’activités plus ou moins légales, se déroulant hors du contrôle de l’Etat, allant depuis les petites activités tolérées jusqu’aux circuits mafieux. Les enjeux internes et internationaux et les perspectives de réformeDes PMA pluriels caractérisés par des dynamiques du dedans. Bien entendu, ce constat global est très réducteur. Au fur et à mesure que la démarche « top down » cède la place à un éclairage « bottom up », les PMA apparaissent pluriels et caractérisés par des « dynamiques du dedans » (Balandier). Le Bangladesh a peu de chose à voir sur le plan historique, socioculturel ou géographique avec des pays d’Afrique Centrale. La représentation macroéconomique ne prend pas en compte les dynamiques repérables au niveau de l’informel et des micro-entreprises. Celles-ci contribuent à plus de 30 % de la valeur ajoutée. L’informel témoigne de grande ingéniosité et de dynamique. Il est un régulateur essentiel de la crise, mais il demeure à faible productivité et conduit rarement à la transformation en unités micro-entreprises et P.M.E. productives industrielles. Il reste essentiellement concentré dans les services, notamment, le commerce. Les défis internesLes PMA doivent faire face à de nombreux défis internes : gestion de la dette, doublement des populations et triplement des populations urbaines tous les vingt ans, reconstitution des écosystèmes. Alors que l’agriculture fonctionnait selon un mode extensif, on voit apparaître une rareté des terres rendant nécessaire une intensification notamment par utilisation d’intrants. L’industrie embryonnaire doit affronter la concurrence internationale et notamment celle des pays d’Asie à bas salaires et à fort potentiel technologique. Les mutations politiques sont également importantes (montée de la démocratie, rôle de la société civile...). Les changements de l'environnement internationalLa mise en place des règles de l’OMC conduit à un multilatéralisme qui va à l’encontre des préférences commerciales dont bénéficiaient les PMA. Elle doit conduire également à surenchérir la facture des importations alimentaires, mais peut favoriser l’accès aux médicaments en limitant les droits de propriété, ou, favoriser la réduction des subventions des agricultures du Nord (cf. : la réunion de Doha, nov. 2001). Les réunions de l’OMC ont souvent conduit à des échecs cf. Seattle ou Cancun (sept. 2003) avec, notamment, conflits entre les pays africains, les États-Unis, l’Union européenne et la Chine, sur le coton. De nouvelles modalités de gestion de la dette sont en cours (PPTE) avec la mise en place de cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté. La dette multilatérale est en cours de renégociation. Les accords de Lomé, entre la Communauté européenne et les ACP, se situaient dans une perspective régionaliste de préférences et de non-réciprocité. Ils prenaient en compte les asymétries internationales. Ils comprenaient plusieurs volets liés, la coopération financière et technique, les accords commerciaux et l’appui institutionnel. Les accords de Cotonou ont supprimé les mécanismes de compensation des instabilités et proposé des accords de partenariat économique fondés sur des accords de libre-échange en conformité avec les règles de l’OMC. La mise en place des APE, vis-à-vis de régions africaines regroupant des PMA et des non-PMA, risque de se heurter à d’autres initiatives de l’UE telles que « tout sauf les armes », permettant la libre entrée des produits (sauf trois) de la part des PMA faisant partie des ACP ou des non-ACP. Quelles perspectives concernant l’aide ?L’aide financière peut exercer des effets pervers. Elle peut se heurter à la faible capacité d’absorption et créer des effets d’éviction ou désincitatifs. Il n’empêche que les pays africains ont des besoins considérables de flux financiers pour absorber le rythme de croissance démographique et reconstituer leur appareil productif et leurs infrastructures de base. Actuellement, l’aide publique au développement dépasse dans la plupart des pays 10 % du PIB. Bien entendu, la priorité consiste à mobiliser l’épargne locale et à favoriser le rapatriement des capitaux nationaux. Il importe également, prioritairement, de favoriser l’attractivité des capitaux privés. Mais cette mobilisation présuppose un engagement d’aide publique exerçant des effets d’entraînements. Quelles réformes pour limiter les trappes à pauvreté et les risques de marginalisation ?De nombreux programmes de relance de PMA sont en cours. Ainsi en Afrique ont été proposées au début du nouveau millénaire notamment les initiatives des présidents MBEKI et WADE, conduisant à un « nouveau partenariat pour le développement en Afrique » et privilégiant notamment les infrastructures régionales. Plusieurs pistes de réformes peuvent être proposées :
Ces réformes n’auront évidemment de sens que si elles favorisent une attractivité des capitaux et une reprise des investissements, et que si les pays industriels et émergents exercent une contagion de croissance par des transferts de technologie et une ouverture de leurs marchés à des produits manufacturés permettant une montée en gamme des exportations. L’aide ne peut être efficace que si elle accompagne des dynamiques internes et donc, que si elle s’intègre dans des politiques cohérentes conçues au niveau des États et des ensembles régionaux récipiendaires. Les PMA demeurent pour leur majorité très vulnérables, du fait d’une production peu diversifiée, d’un marché intérieur restreint, de « déséconomies » d'échelle au niveau des investissements, de coûts de transports ou de risques liés aux instabilités internes et internationales. Il est prioritaire de maintenir des mécanismes stabilisateurs et compensateurs, permettant une insertion positive dans l'économie mondiale et créant des ensembles de taille suffisante. Les PMA affrontent un monde de la concurrence imparfaite et de libéralisme asymétrique et risquent d'être marginalisés dans la compétition en cours sans mécanismes d’aide. Compte tenu du niveau actuel de productivité et d'investissement, on voit mal les PMA affronter la concurrence internationale sans systèmes préférentiels. Les PMA doivent construire de nouveaux avantages comparatifs et avoir une compétitivité structurelle, c'est-à-dire, une capacité à modifier leurs spécialisations par capacité d'innovation organisationnelle et technologique, attractivité du capital (avantages comparatifs transférés par les firmes) et mise en place de territoires (effets d'agglomération, avantages comparatifs territorialisés) et mise en place de politiques commerciales, cambiaires, industrielles et d'un cadre institutionnel favorables (avantages comparatifs construits par les décideurs publics). |
Causes des faiblesses de l'économie des PMA | |
Il existe un certain discours standard quant à l'origine de la crise économique et financière interne ainsi que de la dette extérieure des pays sous ajustements. La crise économique et financière a conduit à (ou a révélé) l'épuisement du modèle étatique. Les États ont rarement joué leur rôle de facilitateur du développement. La dette extérieure a eu un impact négatif sur la dette interne. Les entreprises publiques ont été caractérisées par des contraintes budgétaires relâchées, de faibles incitations pour les agents, ou des déficits générateurs d'endettement et d'effets d'éviction vis-à-vis des entreprises privées. Les agents liés aux appareils dÉtat ont souvent créé des rentes, obstacles à la croissance. Les déséquilibres financiers sont interprétés comme des distorsions résultant d'un excès de demande par rapport à l'offre, et des prix administrés créant des distorsions sur les marchés. L'environnement international a pu accentuer ces déséquilibres, mais la cause première réside dans la mise en place de politiques économiques inadéquates : surévaluation du taux de change, biais anti-exportation. Ainsi, depuis le début des années 80, les économies des PMA sont entrées dans une profonde crise économique et financière. Les déficits financiers internes et les déséquilibres des balances des paiements sont devenus insoutenables. Les PMA se caractérisent par des structures inadéquates : manque d'infrastructures, marchés rudimentaires, secteurs industriels embryonnaires, faiblesse de l'environnement institutionnel et mauvaise gestion des secteurs publics et privés. Ils demeurent des économies de rente où l'enrichissement résulte de prélèvements davantage que de création de richesses, et se marginalisent au niveau international. Les logiques redistributives l'emportent sur les logiques productives. Les PMA doivent gérer le passif de la dette tout en répondant aux défis démographiques et urbains. L'explosion scolaire aurait dû déboucher sur la formation de compétences utilisables par le système productif. Les PMA sont généralement caractérisés par une fragilité de leur écosystème et une vulnérabilité face aux catastrophes, un rythme rapide de croissance démographique et d'urbanisation, ainsi que des défis liés aux différents volets du développement durable (environnement, démographique, économique et social). Plusieurs facteurs expliquent le blocage de l'accumulation. Les PMA sont restés largement des économies de rente, spécialisées dans des produits agricoles, miniers et pétroliers. On constate un faible taux d'investissement, et surtout une mauvaise utilisation du capital. Le modèle d'exportation de produits de base et de substitution des importations n'a pas pu enclencher un processus auto-entretenu conduisant à une diversification de la production. Le contexte institutionnel des PMA diffère de celui d'un État de droit. Les contrats sont peu respectés, et les agents ne se sentent pas obligés vis-à-vis d'institutions qu'ils considérent comme non légitimes, étrangères à leur système de valeurs et non créatrices d'obligations. Les relations de proximité reposent sur des liens de voisinage, des relations interpersonnelles, et la confiance joue un rôle essentiel (cf. L'Afrique des incertitudes 1994). Dans un contexte d'insécurité et d'incertitude, lié aux défaillances institutionnelles, les agents adoptent un comportement « court-termiste ». Ils ont une forte préférence pour la liquidité et accordent une grande valeur à la réversibilité. Ils placent leur épargne sur les marchés financiers extérieurs ou investissent dans des activités à taux de retour rapide. Les politiques économiques et sociales, jusqu'à la mise en œuvre de l'ajustement, prévilégiaient à divers degrés des techniques à haute intensité capitalistique, fondées sur un modèle d'import-substitution. Les politiques sociales mettaient l'accent sur des objectifs de redistribution :
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Les Objectifs du Millénaire pour le Développement | |
Millennium Development Goals - MDGLes Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ont été approuvés par les 191 États membres de l’Organisation des Nations Unies, et réaffirmés par les Chefs d'État et de Gouvernement du G8. Les objectifs énoncent huit grands axes d'actions assortis d'une échéance pour 2015. Parmi eux, la lutte contre la pauvreté se trouve au centre de la prise de décisions, tant au niveau national que dans les coopérations internationales. Les progrès réalisés sont définis sur la base des niveaux de 1990. Ils portent sur le renouvellement de l'environnement, le développement humain et le partenariat mondial pour le développement. Objectif 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim
Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tousD'ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires. Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmesÉliminer les disparités dans les enseignements primaire et secondaire si possible d’ici 2015 et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard. Objectif 4 : Réduire la mortalité infantileRéduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Objectif 5 : Améliorer la santé maternelleRéduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle. Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
Objectif 7 : Assurer un environnement durable
Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
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